Démarche artistique

Depuis toujours, les vêtements féminins me fascinent à cause de leur élégance mais plus encore, à cause de ce qu’ils traduisent de celles qui les portent, de leur époque et du reflet de la société. En parallèle, ma longue expérience en psychiatrie et en psychologie m’a conduit à voir au-delà des apparences et à trouver le merveilleux où l’on s’y attend le moins. Ces deux intérêts sont à la source de mes réflexions et de ma démarche artistique.

Mon travail s’inscrit dans le temps. Je confectionne des tissus de façon artisanale avec différents petits métaux récupérés. Pour maîtriser la matière, je dois la plier, la tordre, la couper, la scier et la percer. Assemblées une à une, cousues et brodées avec du fil de laiton ou de fer, chacune des pièces de métal est utilisée dans une nouvelle perspective et se voit transformée en objet magnifié, une robe dont l’ensemble demeure toutefois fragile. S’insinue à même le vêtement, une héroïne invisible qui se l’approprie et lui prête ses formes.

Dans un premier temps, c’est la beauté des robes qui interpelle mais il y a toujours plusieurs lectures possibles de mon travail. Par la théâtralité que leur confèrent leurs dimensions humaines, les robes-peau, les robes-armures, agissent comme réceptacle du regard des autres et provoquent une forme de projection ou d’introspection. Le vêtement devient alors en arrière-plan et le précède la vie qu’elle contient, l’histoire qu’elle raconte. La dimension symbolique apparaît quand on découvre l’allégorie suggérée, prétexte à une réflexion sur des questions identitaires ou des enjeux sociaux. Finalement, les matériaux récupérés soulignent davantage une préoccupation de l’environnement.

Je souhaite faire naître l’émerveillement et la surprise en mariant le paradoxe des matériaux d’usage quotidien ou récupérés avec celui de la beauté et de l’élégance : l’anodin versus l’éclatant, la résignation versus la transformation. Mon action artistique se veut donc contribuer à susciter une réflexion sur notre rapport à nous-même et au monde qui nous entoure pour faire naître un regard différent sur les choses et sur les gens, donner à voir que la réalité dépend souvent de notre façon de l’appréhender et de l’effort nécessaire pour s’ouvrir à de nouvelles perspectives.